Fondation Génération Numérique

Armons-nous pour neutraliser la cybercriminalité en Afrique, une menace pour notre souveraineté individuelle et collective

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4 milliards de dollars de pertes liées à la cybercriminalité ont été enregistrées en Afrique pour l’année 2020. Si le chiffre est désormais bien connu, il n’en reste pas moins alarmant. Surtout lorsqu’il est mis en perspective. 4 milliards de dollars, c’est un dixième du produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire, presque la moitié de celui du Niger et quasiment la totalité de celui de la Mauritanie (en 2020). En somme, chaque année, le continent perd un pourcentage notable de son PIB, consumé par la cybercriminalité, avec des impacts dans tous les secteurs : économie et industrie, administration et politiques publiques, finances et banque…

De plus, selon le géant du numérique Microsoft, “la vulnérabilité du continent ne fait que s’accroître à cause des mesures de sécurité qui sont adoptées et qui demeurent à la fois faibles et dépassées”. A ce titre, une enquête récente d’un cabinet de conseil international révèle que seuls 29 % des répondants d’un panel d’institutions publiques africaines pensent que la cybersécurité est un enjeu prioritaire pour leur organisation. Face au manque de préparation des organisations et à la défaillance du facteur humain (souvent le premier vecteur de succès d’une cyber-attaque), les pirates font preuve d’une efficacité redoutable en mobilisant des outils de plus en plus précis, pour des dégâts chaque jour plus importants. N’attendons pas que la menace cybercriminelle atteigne des proportions drastiques pour s’armer en vue de la neutraliser.  

D’autant plus qu’avec la transformation digitale entamée sur le continent depuis plus d’une décennie et considérablement accélérée par la crise de la Covid-19, les outils numériques sont imbriqués dans le quotidien de nos concitoyens. Par exemple, en 2019, la population bénéficiant d’une couverture 4G était passée de 23,8 à 57,9, en cinq ans. Le taux de pénétration de la téléphonie, qui était inférieur à 3% au début des années 2000, a fortement augmenté pour dépasser le seuil des trois quarts de la population en 2018 (77%) selon la Banque mondiale, avec plus de 860 millions d’utilisateurs dont 444 millions d’abonnés mobiles (Langan 2020). Le taux de pénétration d’Internet, quant à lui, est passé de moins de 1% à 43% de la population (Internet World Stats) dont 25% de la population connectée tous les jours. Nul besoin de mentionner la percée du mobile money en Afrique, devenue le premier territoire au monde en termes d’utilisateurs et de fréquence d’envoi.

L’émergence du numérique a permis de générer une manne économique et financière importante – en termes de création de valeur, d’emplois directs et indirects et d’innovation – dont les économies africaines ont pu bénéficier. À titre d’exemple, une étude menée par l’administration française rapporte que l’économie numérique africaine aurait généré 1,1 million d’emplois directs en 2016 et 2,4 millions d’emplois indirects. Le développement de l’économie des TIC, précise-t-elle, permet aussi l’émergence de nouveaux métiers : vente et réparation de téléphones et d’accessoires, vente de crédit téléphonique, rechargement des batteries dans les marchés ruraux… Quant aux organisations, elles sont de plus en plus distribuées géographiquement et comportent des télétravailleurs, des chaînes d’approvisionnement et une infrastructure réseau interne… générant de nouveaux circuits de valeur mais impliquant aussi de nouveaux risques. Dans le cas spécifique des opérateurs d’importance vitale (OIV) et des opérateurs de services essentiels (OSE), un cyber-dysfonctionnement peut même provoquer de sérieux dégâts – parfois irréversibles.

Pour capitaliser sur les potentialités permises par les technologies numériques sans risquer de rendre nos modèles économiques et de sociétés insupportablement vulnérables, il nous faut nous armer de connaissances et de moyens pour renforcer nos cyberdéfenses et notre cybersécurité.

C’est dans cette optique que nous avons créé la Fondation Génération Numérique. Cette dernière poursuit la mission de sensibiliser les organisations et populations en Afrique, tout en formant et en équipant de nouvelles générations d’experts et d’utilisateurs – pour renforcer la sûreté des systèmes d’information du continent et contribuer à permettre à sa population jeune, dynamique et connectée de se faire une place sur un marché de la cybersécurité en carence malgré sa folle expansion.

M. Cédric T. Diarra, Président-Fondateur de Génération Numérique et Conseiller Spécial auprès du Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire.

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